Hilina Enriched Foods est un partenaire historique du réseau de producteurs locaux PlumpyField. La crise sanitaire place aujourd’hui l’Ethiopie dans une situation critique d’un point de vue nutritionnel. Ce qui renforce encore plus l’engagement de l’entreprise à fournir le pays et la région en solutions nutritionnelles.
Questions à Hilina Belete, directrice générale de Hilina Enriched Foods
Quel est l’impact de la crise du Covid-19 en Ethiopie ?
Les perturbations provoquées par le COVID et les mesures mises en place pour contenir la pandémie se sont répercutées sur tous les secteurs en l'Éthiopie. Le secteur des services a été durement touché et de nombreux moyens de subsistance ont été perdus ou sont gravement touchés. Le secteur manufacturier a également fortement ressenti la crise, avec des ruptures des chaînes d'approvisionnement, des difficultés pour la logistique et de problèmes de trésorerie qui ont rendu la production difficile.
Une partie importante de la population a subi une perte de revenus, avec une réduction de ses moyens de subsistance, des prix alimentaires plus élevés débouchant sur une augmentation des niveaux de pauvreté. La fermeture des écoles a touché les familles de multiples manières, car les écoles sont également, pour beaucoup, l’assurance d'au moins un repas par jour pour leurs enfants.
Selon l'UNICEF, la crise du COVID-19 devrait contribuer indirectement à une forte augmentation de la malnutrition infantile. Alors que de nombreux pays sortent lentement du confinement et l’épidémie, l'Éthiopie et les pays voisins sont toujours, à ce jour, 11 juin, sur la pente ascendante de la pandémie, le nombre de cas augmentant encore quotidiennement. Par ailleurs, nous savons que les mesures de confinement seront très préjudiciables et se feront sentir pendant des années.
Cette crise est intervenue à un moment déjà difficile. L'Éthiopie combattait déjà une invasion de criquets pèlerins qui représentait une menace sans précédent pour la sécurité alimentaire et les moyens de subsistance, car elle coïncidait avec les pluies de février-mai et la saison des semis.
L'UNICEF a d’ailleurs annoncé qu'en raison des effets combinés des criquets pèlerins, du changement climatique et des impacts secondaires de COVID-19, elle estimait que le nombre d'enfants à traiter pour la malnutrition aiguë sévère en 2020 augmenterait de 24%. Les 460 000 enfants initialement prévus comme cible de l'action de l'UNICEF (dont 16 000 enfants réfugiés) passeraient à 570 000 enfants (dont 18 400 enfants réfugiés).
Une augmentation de cette ampleur pourrait déclencher un pic de mortalité infantile, car les enfants atteints de malnutrition aiguë sévère sont plus susceptibles de mourir de maladies infectieuses telles que la rougeole et le paludisme, la malnutrition étant souvent une cause sous-jacente.
Quelles sont les mesures que vous avez dues prendre au sein d’Hilina Foods ?
Notre équipe s’est mise en capacité de continuer à travailler, après avoir mis en place plusieurs mesures sanitaires. Nous avons surveillé la température de chaque personne entrant dans notre établissement. Nous avons annulé toutes les visites à l'usine, fourni des masques à porter en permanence pour tout le personnel. Nous avons mis en place des règles de distanciation sociale sur tous les lieux de travail, la cafétéria et les vestiaires. Nous avons aussi augmenté nos routines de nettoyage et encouragé le télétravail quand c'était possible.
Qu’est-ce que cette crise va changer pour vous à l’avenir ?
Il est vrai que cette pandémie mondiale a changé à jamais nos vies. Nos attitudes et nos comportements vont évoluer en conséquence et ne seront pas les mêmes. Une fois cette crise derrière nous, nous devrons prendre en compte l'impact de ces changements sur la façon dont nous concevons notre activité, construisons et gérons nos entreprises et communiquons. Nous devons augmenter à la fois nos capacités de résilience et notre sens de la responsabilité.
Pour l’avenir proche, nous redoutons de constater un nouveau pic de malnutrition infantile dans notre pays et dans la région. Tout cela nous incite à amplifier encore notre engagement à prendre toute notre part dans la lutte contre la malnutrition, en nous adaptant aux changements et en continuant à servir notre mandat.